Compte rendu d'Ezélio de Guernicus à Magvillus.
Après que nos compagnons furent repartis vers Doïseteppe, nous nous rendîmes à Narbonne pour tenter d'en apprendre plus sur ce chapelier Felipe, qui avait fourni à Galter matériel et informations.
A la taverne de la roue de bronze, dans le quartier de la cathédrale, nous apprîmes qu'il n'y avait aucun chapelier qui s'appelait Felipe, mais qu'en revanche, peu avant la Toussaint, deux vieillards qui toussaient beaucoup, avaient demandé au tavernier de leur adresser toute personne qui demanderait Felipe le chapelier. Les vieillards auraient rencontré un marchand (qui avait demandé Felipe) la veille de la Toussaint.
Nous comprîmes, après enquête, que le "marchand", Galter dissimulé sous l'identité de Peyre Séraphin, avait demandé aux vieillards de lui fournir du matériel de laboratoire et des ingrédients (pour fabriquer, à mon sens, une potion de longévité). Les vieillards confièrent la mission à deux hommes d'armes, qui achetèrent les ingrédients dans la boutique de David et Aaron, dans le quartier juif de Narbonne. Le matériel fut livré à l'hôtellerie où séjournait Galter par les deux vieillards.
Nous nous mîmes donc à la recherche de ses hommes et découvrîmes qu'il existe un hospice tenu par les chevaliers de l'Hôpital, à la sortie de la ville. Les frères se montrèrent peu enclins à nous fournir des renseignements : il paraissait pourtant clair qu'ils savaient quelque chose au sujet de notre affaire. Nous fûmes reçus par Jaufré de Montvalen, le chef de cet hôpital et nous reconnûmes parmi les chevaliers les deux hommes d'armes qui avaient acheté le matériel de Galter, que l'un des marchands juifs nous avait décrits.
Montvalen refusa catégoriquement de nous donner quelque information. Nous parvînmes à le capturer et à obtenir de lui des explications. Voici donc le contenu de ses révélations.
L'hôpital Saint Domitien de Narbonne a été fondé en 1214 et a toujours été dirigé par Montvalen. Le prieuré de Saint-Gilles, siège de l'Ordre de l'hôpital en Provence, avait reçu une donation pour fonder cet établissement. Cette donation n'était appremment pas sans contrepartie. Au sous-sol du bâtiment, se trouvaient deux statues de tribuns romains, Caius Marius et Scipion Emilien. Ces statues permettaient aux Hospitaliers de recevoir et d'envoyer des messages. Ils reçurent l'ordre, de la part de l'Hôpital de Saint Gilles, de laisser en permanence un chevalier dans cette salle et de transmettre les messages qui arrivaient au moyen des statues.
Ce qu'ils firent dix années durant. D'après Montvalen, les messages étaient rares et plutôt incompréhensibles. Ils étaient presque tous délivrés par la statue de Caius Marius.
Il y a quelques mois, la statue de Scipion Emilien leur demanda de prendre contact avec une personne à la taverne de la roue de bronze et de lui délivrer le message qu'il devait se cacher dans l'île Sainte Lucie. Les Hospitaliers envoyèrent donc les deux vieillards et deux chevaliers pour s'en occuper. Galter fît transmettre sa requête d'avoir du matériel auprès de la statue de Scipion et la réponse fut positive.
Alerté par notre venue, Montvalen transmit à la statue de Scipion le fait que nous avions posé des questions sur les vieillards. Dans l'après-midi, les statues avaient disparu ; le sous-sol s'était effondré.
Il semble clair que le prieuré de Saint-Gilles sert d'intermédiaire à Bellaquin pour faire circuler des informations. Nous devons tenté de savoir si ces chevaliers sont davantage impliqués auprès de Bellaquin et du complot qui a secoué le tribunal de Provence.
Une autre information intéressante a été fournie par Montvalen. Depuis un an, un autre moyen de communication était utilisé dans la salle des tribuns : un miroir de métal, par lequel se faisait entendre la voix d'un homme. Toutes les informations venues du miroir devaient être transférées à la statue de Caius Marius. Dans le miroir, un homme au visage voilé donnait des nouvelles de ses amis, disait qu'ils n'étaient pas guéris et que ses amis étaient intéressés par ses propositions. Montvalen ne comprenait pas très bien la teneur de ces messages et avaient du mal à les retranscrire. L'homme dit également que trois de ses amis étaient partis en voyage et qu'il faudrait les attendre de l'autre côté de la mer, en Angleterre. Le visage de l'homme était peu reconnaissable, en revanche, Montvalen nous confia qu'il avait une voix très reconnaissable, haut perchée et s'exprimant de façon très rapide. Le sceau de ce magicien semblerait être une fumée d'encens. Ceci nous permettra peut être de retrouver ce mystérieux magicien.